Deux de Penny Hancock


Année d'édition : 2015
Edition Sonatine
Nombre de pages : 492
Public visé : Adulte
Illustration de Rémi Pépin
Quatrième de couverture :
Au Maroc, la vie de Mona est devenu un calvaire. Elle s’occupe de sa fille, Leila, et de sa mère malade. Al, son mari, a disparu depuis plusieurs mois, peut-être parti en Angleterre pour finir ses études de médecine. Aussi quand l'opportunité d'aller travailler à Londres s'offre à elle, Mona la saisit.

A Londres, Theodora a besoin d'aide. Entre son père qui souffre de la maladie d'Alzheimer, son fils qui passe sa journée devant la télé et son émission de radio, elle ne s'en sort plus. L'arrivée de Mona dans sa vie va tout changer. Enfin elle va pouvoir s'occuper d'elle et des siens en sachant qu'elle peut se reposer sur quelqu'un. Sa maison sera impeccable, sa vie sociale à nouveau trépidante et elle va gagner, avec l'arrivée de la discrète Marocaine, plus qu'une employée de maison, une véritable confidente.

Chacune dépend de l'autre mais, très vite, va s'instaurer entre elles un rapport étrange, insidieux et violent. Une lutte feutrée, tout en retenue et en non-dits, qui ne peut que les mener au pire.
Mon avis : 

Theodora vit à Londre avec son fils Léo et son père Charles. Animatrice à la radio qui rencontre un certain succès, elle vit le parfait amour avec son amant Max, un homme marié. Léo son fils passe son temps devant la télévision ou devant son ordinateur, ne cherchant pas à travailler et se négligeant par la même occasion. Charles, son père, est atteint de la maladie d'alzheimer et perd souvent la tête au point qu'elle doit sans cesse le surveiller. Mais Dora en a assez et aimerait bien un peu de temps à elle. Lorsque son ex mari lui propose les services d'une étrangère qui s'occupera de Charles, c'est Mona qui lui est amené et très vite Dora va commencer à soupçonner la femme de ne pas être qui elle semble être. Pourtant Mona, ne cherche qu'une chose : gagner de l'argent pour sa fille rester au Maroc et sa mère et retrouver Ali, son époux qui a disparu en venant à Londres pour y chercher du travail.

Deux a été une superbe lecture. Ce roman dresse le portrait de deux femmes différentes, mais qui recherchent toute deux la même chose : de l'amour et de la reconnaissance pour leur sacrifice.  Deux femmes qui vont se retrouver lier l'une à l'autre malgré elles et qui ne pourront pas se délier aussi facilement qu'elles le voudraient. Deux femmes qui vont affronter chacune leur tour leur pire craintes sans pouvoir en réchapper. Une lecture déstabilisante et angoissante tant la tension monte crescendo !

 J'ai adoré le style de l'auteur et le changement de narrateur à chaque chapitre. Cela nous permet de nous mettre à la place de chacune des deux femmes et de mieux comprendre leur façon de penser si différentes. Dora est une femme aisée qui adore son boulot. Elle a une émission de radio qui fonctionne très bien où les auditeurs racontent leur problème pour trouver une solution. Divorcé et mère d'un garçon majeur et qui passe son temps enfermé chez lui, elle ne sait plus comment gérer son rôle de mère, d'enfants, de travailleuse et de femme d'intérieure. Surchargée et ne pouvant pas voir son amant comme elle le souhaite, elle a vraiment besoin que quelqu'un vienne l'aider à lui permette de davantage penser à elle. Et c'est là que Mona entre en scène. Cette femme marocaine d'une trentaine d'année à priori (on ignore l'âge réel des deux femmes et l'auteur en joue) cherche désespérément son mari Ali, venu en Angleterre pour trouver du travail et les aider, elle et Leila, leur fille, à s'en sortir. Mona ment donc en expliquant qu'elle est veuve et ne travaille plus que pour sa fille et payer des médicaments à sa mère très malade. Et très vite un lien étrange se tisse entre les deux femmes au fort caractère. L'une veut à tout prix être perçue comme la dominante, tandis que Mona refuse d'être une esclave travaillant nuit et jour pour satisfaire les exigences de sa patronne.

Je ne cacherais pas le fait que parfois c'est assez lent, il ne se passe que peu de choses, on suit vraiment les deux femmes chacune de leur côté entre celle qui a besoin de tout diriger, Dora et qui fera des choix dangereux pour elle et ses proches et Mona qui refuse de s'abaisser, qui souhaite garder sa fierté et son travail pour aider sa famille très pauvre. Le contraste entre les deux femmes est violent et petit à petit, on ne peut plus prendre partie pour l'une ou l'autre parce qu'elles sont toutes deux sournoises, très sournoises. Aucun personnage n'aura notre compassion. Pas les héroïnes, ni Léo qui est égoïste et qui préfère rester chez lui à ne rien faire, même si on le voit changer au fur et à mesure de notre lecture et devenir un personnage important pour Mona. Charles est un vieil homme sénile et parfois agressif avec sa fille qu'il ne reconnait pas toujours. Il s'attache très vite à Mona et finit par ne vouloir qu'elle près de lui. La famille de Dora est détestable au premier abord, ne se souciant pas des difficultés de leur soeur avec ce paternel difficile à gérer. Mais peu à peu, on finit par entrevoir le problème et c'est Dora qui refuse la main tendue à de multiples reprises. Si au début je détestais son amant Max, surtout avec ses drôles de fantasmes sur les cuisses et les statues, j'ai peu à peu compris que c'était un homme malheureux et perdu qui se cherche et qui a besoin d'attention. 

Concernant Mona, on sent que sa mère profite du fait que sa fille a de l'argent, pour toujours en demander plus. La plus à plaindre finalement c'est Leila la petite fille de six ans, resté au Maroc, et qui doit s'occuper d'une grand-mère malade. Mona qui cherche son mari Ali, mais qui perd peu à peu espoir. La pauvre va tout tenter pour le retrouver, mais est-ce vraiment la solution miracle ? C'est une des réponses que nous apporte l'auteur plus tard et la chute est rude pour nos héroïnes. Je ne m'attendais pas à de telles confessions, à un tel rebondissement final qui choque et surprend, en finesse, sans en faire de trop. 

Deux femmes que tout oppose, mais qui finissent par se soutenir parce qu'elles n'ont pas le choix. Deux femmes dangereuses, chacune à leur façon. Deux est donc un excellent roman. Il m'aura conquis du début à la fin, même si la fin m'a semblé trop abrupte dans son dénouement, j'attendais plus d'explications. Un roman qui marque, indéniablement.   

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