Les Mortes-Eaux de Andrew Michael Hurley

Année d'édition : 2016
Edition : Denoël
Nombre de pages : 384
Public visé : Adulte
Quatrième de couverture :
Angleterre, années soixante-dix. Comme tous les ans au moment des vacances de Pâques, la famille Smith part en pèlerinage avec quelques membres de sa paroisse. Ils se rendent dans une vieille bâtisse sinistre en bord de mer, sous la houlette d'un prêtre, le père Wilfred. Les Smith, des gens très pieux, espèrent en venant là obtenir la guérison de leur aîné, Andrew, déficient mental. Andrew, lui, part explorer les environs du sanctuaire avec son jeune frère. Au cours de leurs escapades, ils font la connaissance des villageois, qui ne cachent pas leur hostilité à l'égard des pèlerins et semblent se livrer à d'obscures activités nocturnes, sortes de rites païens censés guérir les malades. Andrew Michael Hurley dresse une galerie de portraits tous aussi étranges et effrayants les uns que les autres, mélangeant de sinistres autochtones et des pèlerins aussi perturbés que perturbants, et signe ici un roman obsédant et ambigu.

Mon avis : 

Tonto est une jeune garçon très proche de son frère Andrew déficient mental. Tous les ans, avec plusieurs membres de leur paroisse, ils font un pélerinage avec pour seul but : guérir Andrew grâce à Dieu. Seulement, cette année là, le père Wilfred est mort laissant la place au père Bernard qui aura bien du mal à se faire une place auprès des fidèles, bien trop habitué au père Wilfred. Comme chaque année ils se rendent donc dans une vieille bâtisse pour y passer les vacances de Pâques, le Père Bernard les accompagnent, mais très vite l'ambiance est plombée par un groupe de villageois qui ne semblent pas ravi de les voir là. 

J'avais hâte de dévorer ce roman. J'avoue que la couverture me plaît énormément, elle est vraiment très belle et reflète absolument le contenu. L'histoire est intéressante et pleine de mystères, mais j'attendais quelque chose de plus palpitant et de plus mystique encore. On nage vraiment en pleine religion avec ce groupe complètement passionné par Dieu et qui espère qu'Andrew sera enfin soigné pour devenir un adolescent normal. La religion est mise en avant tout comme la magie plus sombre, plus axé sur la sorcellerie que sur une croyance divine et même si je me suis sentie parfois perdue par les événements et les non dits, j'ai passé un moment plutôt sympa quoique légèrement mou. 

Les Mortes-Eaux est un roman raconté via Tonto un jeune garçon dont le frère est malade mentalement et ne parle pas. Il se fait comprendre via des gestes, des dessins et des expressions du visage par son jeune frère de qui il est très proche. Chaque année, les parents de Tonto espère que Dieu guérira leur fils mais hélas leur prière reste veine et Dieu reste sourd à leur appel. Lorsque le père Wilfred est retrouvé mort, une nouveau prêtre vient prendre sa place. Plus jeune, plus dynamique, moins stricte et plus ouvert, le père Bernard va prendre tout le monde de cours parce qu'il se laisse porter par les événements et par le choix des membres de la paroisse. Choix qui ne conviendra pas à tout le monde et on sent très tôt la tension palpable des membres à son égard. 

Après avoir refermé ce roman, j'ai eu du mal à m'en faire un résumé de A à Z relatant tout ce qu'il s'y passe. Je procède souvent comme ça pour voir vraiment si j'ai tout saisi et ce qui m'a marqué ou non, déplu ou plu. Les Mortes-eaux aurait pu se résumer à la guérison d'un enfant présentant un trouble mental et dont les parents, très pieux, surtout la mère, n'hésite pas à user de tous les moyens pour le guérir. Mais on a aussi d'un autre côté les difficultés pour un prêtre de parvenir à en remplacer un autre dans le coeur des paroissiens. J'ai même eu la sensation que c'était surtout le père Bernard le héros du roman parce qu'il pose les bonnes questions au bon moment, même si Tonto, personnage très passive qui finalement ne pense presque rien et ne fait que relater des faits, n'est pas capable de s'ouvrir face au père Bernard, ne donnant presque jamais son réel ressenti. Tonto est vraiment un enfant qu'on ne parvient pas à cerner. Il joue le rôle du protecteur vis à vis de son frère malade qui découvre certaine chose du monde : la douleur, la peur, l'amour, mais à aucun moment il ne fera de réelles découvertes lui-même. 

On a donc un narrateur quelque peu insignifiant, qui ne fait que raconter ce qu'il a vécu à ce moment de sa vie où on tentait pour la énième fois de guérir son frère. La mère, Momon, est complètement obsédée par la religion et par le désir de soigner son fils. Elle est impitoyable le concernant, et c'était parfois effrayant. Pabsent, le père est complètement mis de côté. C'est un homme réservé qui n'ose contredire son épouse et j'ai eu l'impression qu'il était bel et bien absent dans l'éducation des enfants. 

Malgré le fait qu'on reste dans le flou pendant une bonne partie du roman et que peu à peu des secrets sont dévoilés, je n'ai pas été autant charmé et séduite que je l'aurais pensé. Il m'aura manqué plus de piquant à ce roman et un personnage plus attachant parce qu'honnêtement, Tonto est sans réelle personnalité à subir les événements et à protéger son frère envers et contre tous.

Finalement, c'est une lecture plaisante qui plaira beaucoup à ceux qui aiment les romans gothiques, un peu mystique et qui traite de la religion et de la maladie mentale. Il a de bons ingrédients, mais je l'ai trouvé parfois lent et trop plein de non dit.

Je conseille pour :
- l'obscurité qu'il dégage.
- l'originalité de son intrigue
- la plume de l'auteur très belle et poétique.

Je déconseille pour :
- sa lenteur
- son personnage principal qui n'est guère attachant.

      
  

Commentaires

  1. Bonjour, Je finis le livre que j'ai lu de bout en bout, impatiente d'en comprendre l'issu et de découvrir les secrets qui semblent planer. J'ai trouvé tout très intéressant, très bien écrit et assez saisissant le fait que c'est le narrateur qui ensuite souffre le plus et doive se "soigner", les rôles étant ainsi renversés. Mais il me manque au final une explication sur la guérison de Hanny, non seulement de son handicap mais aussi de sa blessure à la jambe. Finalement, on ne saura pas ce qui s'est réellement passé dans cette cave, ce qui est un peu frustrant. Le narrateur aurait pu s'en ouvrir au père Bernard, avec lequel il tombe d'accord sur le fait de laisser l'entourage dans la croyance d'un miracle qui les rend heureux. Et même à la fin, lors du dernier dialogue entre les deux frères devenus adultes, l'explication de la scène dans la cave n'advient pas non plus. Pourquoi ? Il faudrait le demander à l'auteur...

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