Projet Callidus de Nikki Owen

Année d'édition : 2016
Edition : Super 8
Nombre de pages : 421
Public visé : Adulte
Quatrième de couverture :
Pour le Dr Maria Martinez, les choses ne s'arrangent pas. Quand elle rouvre les yeux, c'est pour se réveiller seule dans une cellule, prisonnière. Comment en est-elle arrivée là ? Ses jambes sont attachées, elle a un bras cassé et elle ignore aboslument ou elle se trouve. En Espagne ? Sous l'effet du stress, son hypersensibilité se réveille...
À l'étage du dessus, des bruits de pas se font entendre. Sur le mur d'en face, une simple croix. Maria ne le sait pas encore, mais cet objet va peut-être lui sauver la vie.

Après les événements du tome 1, la jeune femme, s'est retranchée dans sa villa de Salamanque – un havre de paix connu d'elle seule. Taraudée par le besoin d'en savoir plus sur sa propre histoire, elle parvient à hacker un site lié au MI5. Et ce qu'elle découvre la laisse pétrifiée : il est question d'accouchement secret, de manœuvres politiques, d'expériences mal conduites...

La première page :
 
Mon avis :
 
Ce roman est la suite direct de Sujet 375. Je vous invite donc à ne pas lire l'avis qui suit si vous n'avez pas lu le précédent roman. 

Le premier roman m'avait beaucoup plu l'année passée. On y suivait Maria, accusé du meurtre d'un prêtre. Dans cette suite, on enchaîne après le premier opus et Maria est à nouveau captive, mais elle ignore les événements précédents son kidnapping. Parce que pour elle, nul doute que c'est un kidnapping et qu'elle est de nouveau aux mains du projet qui compte bien la réutiliser comme un pantin pour ses missions. Ce deuxième opus est beaucoup plus intimiste et nous permet d'être aux côtés de Maria et de la découvrir comme on ne s'y attend pas. J'ai trouvé cette suite tellement meilleure. Tellement plus aboutie et plus humaine que le précédent.

Ce roman se passe en deux temps. Au moment présent où Maria tente de comprendre où elle est et dans un second temps, Maria se souvient des événements qui l'ont amené là 36 heures plus tôt. Le cheminement est franchement intéressant et on se focalise vraiment sur cette jeune femme qui souffre du syndrome d'asperger et qui est certaine d'avoir été utilisé comme un objet par le MI5 du fait de ses hautes capacités neurologiques. Seulement voilà peu de gens sont convaincus par ses dires et très vite on se demande si une fois encore Maria n'a pas simplement inventé ses aventures. Je l'avais apprécié dans le premier tome, mais ici je l'ai adoré. Ses répliques vont vite devenir cultes. Sans aucun doute, Maria est un personnage mémorable.

"Il se remet à rire. " Qu'est-ce que c'est? Un interrogatoire ?
- Oui."
Le rire cesse. "Oh.Oh, d'accord.
- Je t'apprécie, dis-je. Je t'interroge pour savoir si nous sommes compatibles.
- Compatibles?" Un virage s'annonce, qui crée un angle mort dans le rétroviseur.
Je me tourne vers Chris. "Compatibles. Oui. C'est ce que j'ai dit.
-Je sais, je sais, mais..." Il hausse les épaules. "D'accord. Tu veux connaître mes passe-temps ? J'aime les jeux vidéos. Les jeux de rôle. Donjons et dragons. C'est ça, mes passe-temps. Avec le piratage informatique.
- Et Taylor Swift."
Il éclate de rire. Des gouttelettes de salive volent sur le pare-brise, mais il y a toujours des larmes dans ses yeux.
Je m'inquiète. "Tu pleures. Es-tu triste ? Je t'ai fais de la peine ?
-Qu...non. Non, tu es juste...." Il soupire, se renfonce dans son siège." Tu es juste tellement drôle.
- Ah oui ?"
Il hoche la tête. "Avec un grand D" Page 168
J'ai trouvé ce passage extra, parce que Maria n'est pas comme vous et moi. Enfin physiquement si, mais elle ne pense pas et ne réfléchit pas comme nous. Du coup, on peut être surpris par sa façon de voir les choses et de réagir ne serait-ce qu'au contact humain (chose qu'elle déteste par-dessus tout, mais quand on se renseigne un peu sur le syndrome d'asperger, tout s'éclaire. 

Très franchement, si Maria n'avait pas ce syndrome et du coup sa personnalité si atypique, je ne sais pas si j'aurais autant été séduite par les événements. Alors bien sûr j'ai aimé l'histoire et le déroulement du scénario qui finit de manière magistrale, il sera dur d'attendre le dernier opus qui apparemment n'est pas prévu en 2017 (Nooooon! Pourquoi???????? *cri de désespoir*). J'ai avalé les dernières pages comme une accro à son héroïne. Les événements chamboulent tout ce qu'on pensait réel et vrai depuis le précédent opus. C'est intelligent, palpitant et tellement triste... Entre histoires familiales, complots, terrorismes, maladie, Nikki Owen ne nous épargne pas dans cette suite et ajoute aussi beaucoup d'humour.

Certaines séquences reviennent sur l'enfance de Maria et les premières expériences qu'elle dit qu'on lui a faite. C'est saisissant de cruauté de voir cette pauvre fillette ainsi utilisé par cet homme au regard noir qui finalement ne fait qu'une bouchée d'elle. Profitant de son intelligence et de ses problèmes, il en fait une arme parfaite et joue avec sa mémoire comme un puzzle.

"Mais vous, Maria - mon...notre enfant-cobaye, reprend l'homme aux yeux noirs. Nous avons des projets pour vous. Nous aimerions que vous deveniez... médecin. Essayez d'enfoncer cette idée dans votre subconscient, vous voulez bien? Même si cette journée va disparaître pour vous.
(...)
- Maman pense qu'elle m'emmène dans une clinique spécialisée dans l'autisme, dis-je sur un ton de défi inattendu. Elle ne sait pas ce que vous faites réellement. Vous lui mentez." Page 28.

La pauvre Maria qui a beaucoup de mal à s'attacher aux gens de part son autisme d'une part, mais aussi à cause d'un Homme qui lui a brisé son enfance, jouant avec sa mémoire comme bon lui semble, simplement pour servir ses intérêt. Heureusement ce second opus nous donne une plus grande vue d'ensemble sur Maria et ce qu'elle a traversé. On l'aime Maria. Vraiment. Elle fait partie de ces personnages qui marquent et qu'on aimerait vraiment aider. Alors non, elle n'est pas parfaite, mais c'est une femme intelligente, rusée, une battante. On la découvre sous un tout nouveau jour dans cette suite, et je suis persuadée que si le premier opus vous a moyennement convaincu, celui-ci le fera.

L'auteur introduit un nouveau personnage : Chris, un pirate informatique qui va très vite s'attacher à Maria et réciproquement. Le passage où ils fuient à deux est génial parce que s'ouvre sous nos yeux un dialogue des plus étranges et atypiques. Ils se découvrent, apprennent à se faire confiance, mais on sent que Maria a bien plus que de la curiosité pour cet homme qui lui donne étrangement confiance. Alors non, n'allait pas chercher la romance dégoulinante, les baisers langoureux ou autre. Nikki Owen c'est avant tout un roman d'action qu'elle vous propose mais traité sous un angle particulier, avec pour héroïne une femme qui a le syndrome d'asperger. Elle est intelligente, mémorise énormément de choses, assemble ses souvenirs à sa façon, ce qui pourrait nous sembler complexe, mais simple pour elle. Elle ne comprend pas les émotions que nous véhiculons. Elle cherche à les comprendre, à les assimiler. Parce qu'elle est comme ça Maria. Elle est franche, honnête et ne dit pas les choses pour blesser, mais parce que cela lui semble normal.

Ya un autre passage qui m'a marqué, alors qu'elle lutte pour survivre face à une ennemie prête à tout pour la liquider. Un tueur sans pitié aurait abattu son ennemi sans se faire prier, mais pas Maria. Sa méthode de fonctionnement est différente de la notre et pour elle, faire du mal aux autres n'est pas normal, même si c'est une question de vie ou de mort et dès l'instant où quelque chose la touche ou la blesse, Maria s'enferme dans une bulle dont elle a beaucoup de mal à ressortir. Voilà pourquoi le Projet tenait à tout prix à canalyser toutes ses émotions pour en faire un parfait pantin.

" Ce n'est que lorsque je détache mon regard de la flaque s'élargissant sur sa poitrine que la réalité de ce que j'ai fait se fait jour en moi.
- J'ai tiré deux fois.
- Maria, ça va aller. Maria ?
Je laisse tomber le pistolet, avance lentement vers elle, et, sans réfléchir, retourne le corps. une tache d'un rouge profond macule son tee-shirt à hauteur de sa poitrine, là où la balle est entrée, faisant exploser sa cage thoracique.
"Non, dis-je, d'abord dans un murmure, puis de plus en plus fort. Non, non, non ! " Je hurle, les mains agrippées au torse de la femme morte, cherchant à bloquer l'hémorragie, à refermer les trous béants qui déchirent sa peau, ses os, son coeur et sa tête.
(...)
- Ce n'est rien, tu n'avais pas le choix, ça va aller."
Je regarde son corps sans vie, mes mains souillées de sang.
" Non, ce n'est pas rien. Tuer n'est pas rien. C'était l'anniversaire de sa fille aujourd'hui. Oh mon Dieu. Oh, mon Dieu."
Puis, sans comprendre ce que je fais, ni pourquoi je le fais, je me mets à la gifler, la secoue par les épaules, désespérée, pour qu'elle ouvre les yeux, se réveille." Page 99
Voilà Maria. Un personnage au grand coeur qui analyse les choses parfois bien mieux que nous. Ce second opus aura été intense, un délice, tellement meilleur que le premier tome déjà très bien. Les choses avancent, les rebondissements et révélations sont surprenantes et déstabilisantes. Je ne m'attendais pas à certains faits expliqués sur la fin ! La claque !

Projet Callidus est un excellent roman. Bourré d'action, écrit avec beaucoup d'intelligence (et je pense, beaucoup d'informations, de journées à se documenter sur l'autisme et asperger plus particulièrement) et qui offre un quatuor de personnages très humains et attachants. Une excellente surprise, je ne m'attendais pas à un tel choix de la part de l'auteur ! Vivement la suite !

Les plus :
- Les personnages.
- L'héroïne
- Les rebondissements



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